mardi 27 mai 2014

L'oiseau arc-en-ciel

Il y a une espèce en Val d'Allier qui peint de ses couleurs flamboyantes les ciels bleu et blanc des beaux jours installés. Des arbres morts comme perchoirs dénudés, des falaises d'érosion pour domiciles bien creusés, et des insectes volants servant de proies protéinées... le guêpier d'Europe trouve ici l'habitat et les conditions favorables à sa nidification. Comme l'hirondelle de rivage, il s'installe dans la micro-falaise des berges sablonneuses de la rivière, en creusant une galerie jusqu'à une chambre obscure dans laquelle les œufs sont pondus. En attendant, il vole, plane, ondule en recherche de libellules, de papillons, mouches, moustiques et guêpes qu'il happe de son bec finement courbé. Il est fréquent de les entendre sans toutefois ne pouvoir les distinguer tellement ils volent haut. Mais lorsqu'ils daignent descendre des vastes hauteurs, leur plumage coloré illumine le bois sec et gris qu'ils apprécient tant pour se reposer.

 












mercredi 26 mars 2014

L'éloge des pics

C'est la saison pour ces oiseaux des troncs de tambouriner sur les bois creux sonores de nos arbres en bourgeons. Les pics tapent pourtant toute l'année sur les arbres morts à la recherche d'insectes et de larves mais là, en cette période d'éveil de la nature, leurs percussions ne raisonnent pas comme à l'habitude...
De troncs en troncs, les pics n'ont pas leurs pareils pour s'accrocher aux écorces. Ils visitent en ce printemps les loges de leurs arbres creux préférés.
Timides, discrets, farouches mais consciencieux, ces grimpeurs de troncs scrutent scrupuleusement et tapotent éventuellement chaque anfractuosité qu'ils repèrent, à la recherche d'une raisonnance intéressante pour marquer leur territoire et ainsi séduire une femelle.
Malgré sa taille de pigeon, son plumage vert et sa calotte rouge métallique lorsqu'il est en lumière, le Pic vert sait se confondre dans son habitat vertical, et rares sont les observations rapprochées. Les tambourinages répétées trahissent allégrement sa présence mais là encore, le bougre sait se fondre et glisser derrière son tronc pour éviter d'être vu.
Quant au Pic épeiche, il semble qu'il soit un peu moins farouche. Plus petit, il se distingue par ses bandes blanches sur fond noire et son rouge élégant au croupion et sur l'arrière de la tête.
Ces deux espèces ont trouvé refuge dans cette micro parcelle non exploitée de peupliers, aux abords de la rivière. Ici les arbres morts et les bois creux permettent à la faune de se nourrir, de se reproduire et de se cacher. Non loin de là, en lisière, dans la haie, des Ormes champêtre au bois sec, sont sujets également à des tapotages plus rapides et moins puissants... Ce sont ceux du Pic épeichette, le plus petit des pics. Le piaf n'est pas plus gros qu'un moineau ! Habile comme une mésange, il parcoure souvent les branches les plus fines, exploitant ainsi des ressources alimentaires spécifiques. Chaque espèce de pic peut ainsi, dans l'absolu, cohabiter dans la même forêt car qu'il s'agisse du Pic noir, du Pic vert, du Pic cendré, du Pic épeiche, du Pic mar ou du Pic épeichette, chaque espèce exploite des niches écologiques ultra-spécifiques en fonction des essences, de la hauteur, du diamètre des arbres, des proies recherchées...
Mais tous ont ces mêmes particularités : un squelette et une musculature adaptée au tambourinage, une queue rigide sur laquelle il s'appuie, quatre grandes griffes permettant de tenir sur les écorces les plus lisses, une langue collante qui poursuit ses proies jusque dans leurs galeries, un cartilage spécial à la base du bec qui permet d'atténuer les chocs, et un bec puissant et solide, taillé en biseau, capable d'éclater en copeaux les bois mort.
Cet attirail de percussionniste-menuisier est parfait pour creuser éventuellement chaque année une nouvelle loge en plus ou moins trois semaines. Les pics peuvent cependant reprendre un ancien trou mais le risque est qu'il ai été déjà repéré par un prédateur comme la marte, une friande des petites excursions arboricoles.
Beaucoup de loges abandonnées par les pics sont récupérées par d'autres espèces.
Ainsi, abeilles, araignées, syrphes, chauve-souris, mésanges, étourneaux... pourront à leur tour nicher dans ces cavités confortables qui seront avec le temps bientôt déformées, agrandies, et permettront encore à d'autres espèces de s'y installer... ce sont là de fascinantes successions animales qui se profilent à long terme dans les arbres creux !


Le mâle du Pic épeichette est couronné par un large drapeau rouge sur le dessus du crâne.

Ce mâle de Pic vert visite les loges de son territoire...


Ce  Pic épeiche mâle utilise la branche morte pour faire entendre sa disponibilité aux femelles...

Comment est perçu la silhouette du pic vert par ses prédateurs lorsqu'il est posé au tronc ?


Entre deux tambourinages, le pic épeiche se toilette... toujours sur une branche morte...


Visite approfondie d'une de ses loges...


 Peut-être quelques fourmis repérées au sol...


 En vol, le pic épeiche ne perd pas de temps à vite se re-percher...


 Son camouflage est bien plus efficace ainsi...


 Chaque loge est visitée...

Des plus récentes aux plus anciennes...

La chambre ferait-elle toujours l'affaire ?


Le pic épeichette parcoure aisément les fines branches mortes de l'orme... peut-être y dénichera t-il le scolyte porteur de graphiose ?


vendredi 31 janvier 2014

trognes bourbonnaises

Le froid et l'humidité sont installés sur la campagne des bouchures, l'ambiance grisonnante d'un ciel de plomb s'entrecoupe de ciels bleus provisoires. Les arbres dénudés au pieds couverts de feuilles mortes protectrices, découpent leur silhouette dans les paysages arborés du bourbonnais. En effet, en forêt comme en prairie, accompagnés ou isolés, les grands arbres remarquables sont encore légions en bocage et val d'Allier !
Qu'ils soient têtards, trognes, sentinelles, creux ou éventrés, ils sont tous les témoins anciens d'une activité agro-sylvo pastorale propre à ce territoire.
Mais il semble désormais que leurs années soient comptées...
Car en effet, la disparition des haies est un souci que partage beaucoup de monde. La situation commence souvent ainsi : Les gros chênes, les rares sorbiers, les petits pommiers sauvages, les merisiers gênants ont tout d'abord le privilège de gouter aux dents acérées des tronçonneuses menées par des hormones masculines indéniables, le bois de chauffe étant bien-sur l'argument de la raison énergétique.
Puis, quelques années plus tard, c'est au tour de la haie buissonnante composée de prunelliers, d'aubépines, de noisetiers, de sureaux noirs, de ronces, d'érables ou d'ormes champêtres de passer dans le giron-broyeur gourmand et zélé, et ce, toujours sous la conduite d'un même excès d'hormones, contribuant à sa façon au maintient du "propre" des paysages...
Une fois la haie rabaissée au mètre, rares seront les tiges survivantes, laissées afin que développe longtemps après, un houppier extravagant et majestueux. Les troncs torsadés et torturés par des coupes répétées liées à des pratiques traditionnelles justifiées, ne feront probablement pas parti du patrimoine naturel des générations futurs...
Les trognes sont aujourd’hui le symbole d'un bocage en recul ! Apprécions les pour leur silhouette originale et préservons les pour leur juste valeur...
celle, d'une émotion dans notre regard et pour notre avenir...








 























jeudi 7 novembre 2013

Vols de vanneaux

Comme chaque année, les ciels de novembre voient déferler des contrées du Nord, des vagues de vanneaux huppés qui descendent plus au Sud pour passer l'hiver. Ces virgules papillonnantes survolent les paysages dans des ciels trempés de bleues, en faisant escale sur les zones humides qu'ils rencontrent lors de leur migration. Fautes d'en trouver, certains groupes trouvent repos dans les vastes zones ouvertes des grandes cultures. Les vols souvent importants de ce limicole aux coups d'ailes tranchant, alternés de blanc et de noir, donne l'aspect, lorsqu'on les observe de loin, d'un "clignotant" perdu dans un océan de nuages...
Cela ne pourrait-il pas symboliquement nous alerter de la disparition des zones humides ?