lundi 18 juin 2012

La grève aux oiseaux

Une fois de plus, l'Allier nous a montré son caractère sauvage en atteignant au début du mois un "joli" niveau d'eau, inondant par endroit les prairies, grignotant sur d'autres les falaises, arrachant par ailleurs arbres morts... ou vivants ! Cependant, le terme "joli" ne semble pas être le mot adéquat que pourraient partager tous les oiseaux qui peuplent les grèves. J'entends par "grèves", ces bancs de sable et de graviers qui se profilent en îles dès que le niveau d'eau baisse. Cette année, la crue aura emporté avec elle les premières couvées de sternes, d'oedicnèmes, de petits gravelots, de chevaliers guignettes, celles des hirondelles de rivages, des guêpiers, martin-pêcheurs et des bergeronnettes. Comme dirait l'autre, "C'est le jeu ma pauv' Louisette !" Ceux qui pondent au sol, sur les talus, sur les embâcles, comme ceux qui ont leur maison trop près d'une rivière savent qu'un jour ou l'autre, la rivière se présentera à leur palier. Les premiers l'acceptent et s'adaptent en pouvant assurer une ponte de remplacement, les seconds ne le comprennent pas toujours et se persuadent qu'il faut la mater, la colmater, l'endiguer, enrocher, bétonner... ils n'écoutent pas la fluviale sauvageonne et ne lisent pas celle qu'elle peut écrire dans le paysage. Mais intéressons-nous plutôt à un de ceux qui la vivent assidûment et qui l'on choisit pour zone de reproduction.

Aussitôt que les îles apparaissent, leur sable encore humide est piétiné par les grandes pattes jaunes du couple d'oedicnème criard... peut-être reparti pour une seconde tentative.

L'élégance de l'oedicnème : ou l'astucieux mélange entre une robe de camouflage et une touche colorée, accessoire de séduction.

Les parades spectaculaires et bruyantes de l'oedicnème criard sont des moments émouvants de la vie de la rivière. Au soleil tombant, les danses de séduction commencent, agrémentées de son fameux "turrrluuu" très sonore, audible durant les nuits d'été.


Le mâle d'oedicnème conclut ses gesticulations amoureuses en mettant en évidence son croupion orange-pâle aux yeux de la femelle à séduire.


Les deux oeufs présents sur la photo témoignent de l'incroyable mimétisme de cette espèce adaptée aux zones sèches et chaudes à végétation rase. Elle trouve ici une zone parfaite pour sa reproduction : tranquillité, insectes à volonté, couleur raccord avec le camo. Plus rien ne peut menacer la ponte... sauf peut-être le piétinement d'un homme, d'un quad ou d'un campement insouciant, chose malheureusement pas rare sur la rivière...


1 commentaire:

  1. Je connaissais cet oiseau que visuellement mais pas ses moeurs, très intéressantes ! Par contre, j'ai beau chercher, je ne vois pas les oeufs, un indice ?

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